• Le désaveu d'ARTE

     

    Trois éditions récentes du Journal télévisé de la TVP (15, 19, 20 janvier), «Wiadomosci», viennent d’être analysées par le Conseil des programmes de la Télévision polonaise. Ce dernier s’est penché sur le choix des informations et la façon de les transmettre. Son verdict est sans appel: le JT est partial et pro-gouvernemental. Concrètement, le Conseil constate l’absence de pluralisme. Il relève, par exemple, que dans l’édition du 19 janvier sur sept sujets consacrés à l’Allemagne, six étaient négatifs. « Une telle proportion relève clairement de la manipulation et de la déformation», précise la présidente du Conseil, Iwona Śledzińska-Katarasińska.

    Par ailleurs, le jour où la note de la Pologne a été abaissée par l’agence Standard & Poor's, créant la surprise et suscitant l’inquiétude des Polonais, le Journal Télévisé n’y a consacré que quelques secondes. Au vu de l’importance de cette notation  pour l’avenir de l’économie polonaise, cette «omission» n’est pas anodine. On sent bien l’empreinte du PIS qui en passant sous silence les nouvelles qui lui déplaisent, s’imagine qu’elles n’existent pas et que tout va bien dans le meilleur des monde.

    Cela dit, le constat du Conseil des programmes n’est pas vraiement surprenant puisqu’en adoptant la nouvelle loi sur les médias et en licenciant la plupart des journalistes, PIS voulait justement transformer la TV et la Radio publics en organes de propagande. Mais il se trouve que selon la loi sur la radiophonie et la télévision -  qui est toujours en vigueur - les programmes des médias publics doivent être caractérisés par le pluralisme, l’impartialité, l’équilibre et l’innovation. Elles n’ont donc pas le droit d’être partisanes.

    Le Conseil recommande un audit du Journal par un groupe de professionnel extérieur à la TV.

    Arte suspend ses relations avec la TV polonaise

    En attendant,  le changement de cap de la TV polonaise n’est pas sans conséquence sur l’image de cette TV à l’extérieur du pays. Pour preuve, la réaction de la chaîne de télévision généraliste franco-allemande de service public à vocation culturelle européenne, Arte, un groupement européen d’intérêt économique, basé à Strasbourg et disponible sur la TNT, le câble, le satellite, la télévision par xDSL et Internet. Aujourd’hui, elle vient d’annoncer qu’elle suspendait ses relations avec la TV polonaise avec qui elle coproduisait régulièrement des programmes depuis 2001: "Aucune nouvelle coproduction ne sera lancée tant qu'Arte n'aura pas l'assurance que la liberté d'expression, le pluralisme éditorial et l'indépendance de la télévision publique en Pologne sont garantis.

    "Nous regrettons profondément de devoir prendre cette décision, nos relations avec la Pologne étant particulièrement importantes pour notre chaîne", soulignent Peter Boudgoust et Anne Durupty, respectivement président et vice-présidente d'Arte, dans un courrier adressé au président de la TVP, Jacek Kurski.

    On imagine mal Jaroslaw Kaczynski, président du PIS et tireur de ficelles du gouvernement actuel et la Première Ministre, Beata Szydlo peu au courant du paysage audiovisuel européen, affectés par cette nouvelle venue d’un monde qu’ils connaissent for mal. On les voit fort bien hausser les épaules. Mais pour les professionnels des médias européens, un pareil déasaveu de la part d’une chaîne aussi prestigieuse est une condamnation morale sans équivoque. Qui, en plus, aura des conséquences évidentes sur la qualité des programmes polonais.

     

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