• Montée en force des sentiments anti-allemands en Pologne

     Montée en force des sentiments anti-allemands en PologneTout observateur attentif de la vie politique polonaise sous le gouvernement PIS ne peut qu'être frappé par un phénomène qui prend de l'ampleur: le retour des (re)sentiments anti-allemands.Il ne se passe pas un jour sans qu'un ministre, un député et même un évêque n'attaque les politiciens allemands en les accusant de tous les maux européens et, surtout, de l'hostilité à l'égard de la Pologne. Et ce qui caractérise toutes ces attaques, c'est l'outrance des propos et le ton belliqueux.

    Nombreux pourtant sont les personnalités politiques qui mettent en gardent publiquement le gouvernement polonais contre le démantelement de la démocratie et le non respect des valeurs européennes fondamentales. Pour n'en citer que quelques-uns, il y a Jean Asselborn, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Viviane Reding, la commissaire européenne chargée de la Justice, l'eurodéputé belge Guy Verhofstadt.

    Mais seules les critiques allemandes suscitent des réactions des membres du PIS. Réactions souvent épidermiques qui dénotent une susceptibilité exacerbée face à toute objection en provenance de l'Allemagne. Il est vrai que les journaux allemands s'intéressent bien plus à la Pologne que le reste de la presse européenne. Cela s'explique. D'une part, l'Allemagne a une a une longue frontière commune avec la Pologne, d'autre part, 670 000 Polonais y travaillent actuellement (c'est la deuxième communauté étrangère, après les Turcs). L'Allemagne peut donc difficilement ignorer l'évolution politique de sa voisine.

    Montée en force des sentiments anti-allemands en PologneActuellement, la cible préférée des politiciens polonais est Martin Schulz qui est certes citoyen allemand mais s›exprime publiquement en tant que président du Parlement Européen, un statut qui semble échapper au Ministre des Affaires étrangères polonaises, Witold Waszczykowski (celui qui n'aime ni les cyclistes ni les végétariens). Ce ministre vient d'ailleurs de convoquer l'ambassadeur allemand à Varsovie pour l'informer du fait que «l'état de la démocratie polonaise n'est pas aussi mauvais qu'il ne le paraît loin de la Pologne» (sic) et pour protester contre les «déclarations anti-polonaises des politiciens allemands».

    PIS a encore d'autres bêtes noires. Celle du Ministre de la Justice s'appelle Günther Oettinger, le commissaire européen à l'Economie numérique. Dans une lettre ouverte, transmise à l'Agence de presse polonaise (PAP), Zbigniew Ziobro déclare:
    «Il y a une semaine, dans une interview à la «Frankfurter Allgemeinen Sonntagszeitung», vous avez critiqué l'activité du parlement et du gouvernement polonais démocratiquement élus, activité qui doit ramener l'objectivité et l'indépendance des médias publics en Pologne. Vous avez exigé la mise sous contrôle de la Pologne. Ce genre de paroles, proférées par un politicien allemand, réveillent les pires souvenirs auprès des Polonais. Les miens aussi. Je suis le petit-fils d'un officier polonais de l'Armée nationale qui s'est battu pendant la deuxième guerre mondiale contre le «contrôle allemand».»

    Quant à la parlementaire Krystyna Pawlowicz, elle a choisi un tir groupé et adresse sur Twitter ses imprécations au peuple allemand tout entier:

    Montée en force des sentiments anti-allemands en Pologne«Allemands! Avant de «punir» la Pologne avec vos sanctions parce que nous avons chassé lors des élections les représentants de VOS intérêts dans NOTRE Patrie, payez d'abord votre facture historique à la Pologne. Votre Tusk n'a pas éteint l'esprit polonais. Vos attaques ne servent à rien, elles nous unissent.

    BOYCOTTONS partout où c'est possibles les marchandises et les banques allemandes.Contre leurs «sanctions», prononçons nos sanctions économiques.» 

    Dans cette logique, les agressions de Cologne sont du pain béni pour le gouvernement polonais. Nombreux sont ceux qui les instrumentalisent éhontément. Leur message est clair: occupez-vous de vos affaires et ne mettez pas le nez dans les nôtres.

    Montée en force des sentiments anti-allemands en Pologne

    Plus grave encore, il se trouve que l'hostilité anti-allemande commence à faire des émules et à sortir de l'arène politique. Lors du match de volley Allemagne-Pologne de dimanche dernier, les supporters polonais ont déroulé une banderole où l’on pouvait lire, en anglais, « PROTECT YOUR WOMEN, NOT OUR DEMOCRACY ».

     

    Cet éveil des vieux démons ne devrait en aucun cas être sous-estimé. Il ne manquera pas à la longue de nuire sérieusement aux relations entre les deux pays qui, avant l'arrivée au pouvoir du parti de Jaroslaw Kaczynski, avaient enfin pris une bonne tournure et étaient même devenues tout à fait constructives et cordiales.

     

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