• Qui sème le vent…

    Par 27 voix, le Conseil Européen a voté en faveur du deuxième mandat de son président, le Polonais Donald Tusk. Un seul pays s’y est opposé : la Pologne incarnée par Beata Szydlo, Premier Ministre. C’était en mars 2017.

    Par 27 voix, le Parlement européen a refusé la nomination de Mme Szydlo à la présidence de la commission des Affaires sociales. Elle était l’unique candidate à ce poste. C’était au début de ce mois.

    Le gouvernement polonais crie au scandale. Il voit dans cette non-élection une mesure de rétorsion à son encontre. Le groupe de Visegrad s’est en effet opposé à la nomination de Franz Timmerman comme président de la Commission européenne. Depuis bientôt quatre ans, M.Timmerman ne cesse notamment de dénoncer les différentes atteintes à la démocratie en Pologne, où selon lui la séparation des pouvoirs est de moins moins respectée. Une critique inadmissible pour les politiciens du PIS, le parti au pouvoir. Finalement, c’est donc Ursula von der Leyen qui est en passe d’être nommée à ce poste prestigieux (il lui faut encore l’approbation du Parlement européen) et le Premier Ministre Mateusz Morawiecki, a immédiatement salué cette nomination comme sa propre victoire. C’était avant l’échec de Beata Szydlo.

    Une défaite difficile à avaler et pour laquelle la droite polonaise a son explication: le rejet de la candidature de Mme Szydlo relèverait d’une vengeance politique. C’est une théorie comme une autre. Mais ce qui est certain, c’est que le capital sympathie de Mme Szydlo à Bruxelles et à Strasbourg ne pèse pas lourd. A qui la faute ?                                         

     Qui sème le vent…En 2015, à peine nommée au poste de Première Ministre, Mme Szydlo procède à un geste hautement symbolique : elle élimine le drapeau de l’UE de son bureau ministériel. Désormais, toutes ses déclarations publiques et toutes ses conférences de presse se feront exclusivement sur fond des drapeaux polonais. La suite est à l’avenant : Madame la Première Ministre sort les griffes et critique vertement les institutions européennes qui persécutent, affirme-t-elle, son pays. « Nous ne participerons pas à la folie des élites européenne », dit elle en refusant d’accueillir sa part des réfugiés. Et elle affirme : « A Bruxelles, nous ne plions pas les genoux ». La liste de ses accusations est longue mais toutes sont du même tonneau.

    Et puis, en mai 2019, Beata Szydlo est élue au Parlement européen. On se demande d’ailleurs ce qui l’a poussé à participer à cette élection, elle qui n’aime pas l’Europe, ne parle pas l’anglais et sait n’être appréciée que par son électorat polonais. Mais elle le fait et elle est élue (brillamment, il faut le reconnaître). Et soudainement son discours change : « Cela fait 15 ans que la Pologne fait partie de l’Union Européenne. C’était une bonne époque pour notre pays. » Ah bon ? C’est nouveau, ça. 

    Qui Mme Szydlo croyait-elle convaincre ainsi de sa foi en l’Europe? Pensait-elle que les Européens n’avaient pas de mémoire ? En tout cas, il faut être soit bien naïf soit totalement cynique pour s’imaginer qu’une conversion soudaine paraîtrait crédible à Bruxelles ou à Strasbourg.

    Aleksander Kwasniewski, ancien Pésident de la Pologne (1995-2005) ne s’y est pas trompé : « Ce que PIS faisait, ce qu’il disait à propos de l’Union Européenne, la façon dont il traitait les symboles européens, le drapeau européen par exemple, tout cela a marqué la conscience des nombreux politiciens européens. Il y a (aujourd’hui) une aversion avérée contre le vote pour ces groupes qui agissent et pensent d’une manière incompatibles avec les valeurs européennes fondamentales ».

    Bref, qui sème le vent récolte la tempête...

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