• Qui gouverne la Pologne aujourd’hui? Son président, M.Andrzej Duda? La première ministre, Mme Szydlo? Vous n’y êtes pas du tout. L’unique tireur de ficelles, celui qui décide de tout et place ses pions sur l’échiquier politique polonais, s’appelle Jaroslaw Kaczynski et dirige le parti au pouvoir, le PIS. Depuis la mort de l’ancien président de la Pologne, M.Lech Kaczynski, dans la catastrophe aérienne de Smolensk, son frère jumeau a deux obsessions: faire établir «toute la vérité» sur cette catastrophe et éradiquer tout vestige du passé communiste de la Pologne, quitte à proférer des accusations gratuites contre un certain nombre de politiciens, la plupart des médias et maintenant contre le Tribunal Constitutionnel.

     Le journal allemand, «Der Spiegel» ne se fait pas d’illusions. Il affirme que le premier ministreet le président polonais ne sont que des marionnettes entre les mains de M.Kaczynski qui, pourtant, n’exerce aucune fonction officielle. M.Duda et Mme Szydlo ne disposent d’aucune autonomie et ne font que se soumettre à la volonté de leur chef. Selon «Der Spiegel» toujours, M.Kaczynski s’inspire du modèle hongrois, rêve de «contrôler et éduquer», refuse l’influence occidentale et considère qu’il n’y a pas de place en Pologne pour une société multiculturelle.

    Aujourd’hui, lors d’une marche de soutien au président Duda (à l’occasion du 34ème anniversaire de l’état d’urgence), M.Kaczynski a encore traité l’opposition de «communistes» et de «voleurs» et accusé les juges du Tribunal Constitutionnel de rendre des décisions arbitraires sans base légale.

    Malgré toutes ses outrances verbales et sa tendance à arranger les faits pour les faire entrer par un tour de passe-passe dans sa vision politicienne, M.Kaczynski continue à être apprécié par une partie non négligeable de la population polonaise. Son charisme personnel y est pour beaucoup même si ce dimanche 13 octobre, ses partisans étaient nettement moins nombreux (15 000) que les défenseurs de la démocratie hier (50 000).

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    Rien ne va plusLe conflit qui oppose le gouvernement polonais au Tribunal Constitutionnel prend une tournure rocambolesque. Hier à 17h, la cheffe de chancellerie du premier ministre, Mme Beata Kempa, a fait savoir que le jugement du TC concernant la nomination des juges par le Parlement actuel ne sera pas publié. Ce qui signifie qu’il n’entrera pas en vigueur. En effet, le président polonais continue à refuser d’assermenter les trois juges élus par le parlement précédent, comme le lui avait demandé le TC.

    Pourtant, comme le rappelle le président du TC, ces décisions relèvent du devoir constitutionnel et doivent être exécutés immédiatement.

    Nouveau rebondissement aujourd’hui: la porte parole du gouvernement, Mme Elzbieta Witek affirme que le jugement sera publié - sans en préciser la date - et accuse les médias d’avoir menti à ce propos. Pourtant, la lettre de la chancellerie au président du TC dans laquelle on l’informe de la non-publication du jugement existe bel et bien. Elle a même été publiée in extenso par la presse polonaise. Le gouvernement polonias semble croire que le nier suffira à la faire disparaître.

    Selon les partis de l’opposition, PO et Nowoczesna, la non publication du jugement du TC a pour l’unique but de sauver la mise au président polonais, M.Andrzej Duda: dès sa publication, il pourrait être déféré devant le Tribunal de l’Etat.

    Pendant ce temps, le bureau du Procureur général a déjà commencé une enquête visant à établir si le fait de ne pas avoir publié le jugement constitue un délit. Celui-ci serait alors passible de trois ans de prison. Quant au bureau du Procureur de la région de Varsovie, il va vérifier si Mme Beata Kempa n’a pas violé la loi. 

    En un mot comme en cent, la séparation des pouvoirs est ces temps-ci quotidiennement mise à mal en Pologne.

     

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  • Coup de théâtre aujourd’hui au Parlement polonais. Les députés du PIS dénoncent les menaces dont serait l’objet le président de leur parti, M.Jaroslaw Kaczynski. Sur Facebook, le fondateur du KOD (Comité de défense de la démocratie) aurait déclaré vouloir le tuer.

    En fait, il s’agit d’un faux profil comme l’a expliqué, dans une interview au quotidien «GazetaWyborcza», M. Mateusz Kijowski : «Ces derniers jours, plusieures dizaines de faux profils sont apparus qui utilisent mon identité. Mardi dernier, à partir d’un tel compte, quelqu’un a écrit qu’en cas de besoin, «je n’hésiterais pas à tirer sur Jaroslaw Kaczynski.» Nous avons réussi à bloquer ce compte rapidement mais la déclaration s’est rapidement répandue sur les sites de droite.»

    M.Kijowski a d’ailleurs denoncé ces actes à la police. Ce qui n’a pas empêché les députés du PIS de continuer à protester avec véhémence contre les attaques dont leur parti serait la victime.

    Un véritable dialogue des sourds qui illustre bien l’ambiance empoisonnée qui règne pendant cette session parlementaire.

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  •  "La démocratie en Pologne est menacée. L’activité des autorités, son mépris pour les lois et les règles démocratiques en vigueur nous contraignent à exprimer notre opposition. Nous ne voulons pas d’une Pologne totalitaire, fermée à ceux qui pensent autrement que le pouvoir.»

    Cette déclaration est apparue sur Facebook il y a environ trois semaines. Elle est l’oeuvre de personnes qui contestent la façon de gouverner du parti PIS( arrivé au pouvoir à la fin du mois d’octobre et fort de la majorité absolue au Parlement).

    Constitués en une association - le Comité de défense de la démocratie, le KOD - les contestataires ont vite gagné l’adhésion de nombreux Polonais: 3500 en trois jours et déjà plus de 40 000 actuellement. Loin de se contenter d’échanges sur FB, ils agissent maintenant dans la vie «réelle» en étendant leur réseau à toute la Pologne. Et surtout, ils n’hésitent pas à sortir dans la rue pour défendre leurs idées. Ces derniers jours, alors que le parti au pouvoir essaie de museler le Tribunal Constitutionnel, ils étaient présents devant le bâtiment de ce dernier manifestant leur solidarité avec les juges.

    Cette activité n’est pas passée inaperçue. L’un des fondateurs du KOD, M.Mateusz Kijowski, commence à recevoir des appels et des sms le menaçant. Son compte FB est fréquemment bloqué et son adresse privée a été publiée sur Twitter.

    L’affaire est désormais entre les mains de la police qui a initié une enquête.

     

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  • Le président polonais, M.Andrzej Duda, refuse de se soumettre à la décision du Tribunal Constitutionnel, la plus haute instance judiciaire du pays. Il n’assermentera pas les trois juges légitimement élus par le Parlement précédent. C’est une violation patente de la Constitution polonaise et cette décision ne restera certainement pas sans conséquences. Car, ce faisant, le président risque de se retrouver devant le Tribunal d’Etat. Nombreux sont déjà les politiciens de l’opposition et les personnalités des milieux juridiques qui réclament cette comparution.

    Depuis son début, cette affaire inquiète le Conseil de l’Europe. Il y a quatre jours, son secrétaire général, M.Thorbjørn Jagland, avait déclaré que la décision du Tribunal polonais devait être exécutée dans son entier. «En cas de doutes quant à la façon de faire entrer en vigueur la décision du Tribunal Constitutionnel, j’encourage les autorités polonaises à s’adresser à la Commission de Venise du Conseil de l’Europe», avait-il-ajouté. Mais son conseil est resté lettre morte.

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