• La nouvelle loi antiterroriste, votée au Parlement polonais (à la Chambre basse) le 10 juin dernier, doit selon le parti au pouvoir PIS assurer la sécurité des Polonais. Cette loi suscite des objections de fond aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur. L'opposition polonaise considère qu'elle va beaucoup trop loin et menace sérieusement les libertés individuelles: sous prétexte de lutte antiterroriste, elle accorde aux services spéciaux des possibilités illimitées de surveillance de tous les citoyens. Plusieurs députés ont demandé des amendements. Aucun n'a été entendu. Cela ne surprendra plus ceux qui suivent l'évolution de la situation en Pologne. 

     PIS à l'Europe: Cause toujours!

    Le même jour, la Commission de Venise a pourtant sevèrement critiqué la loi sur la surveillance électronique qui va dans le même sens que celle qui statue sur l'antiterrorisme. Selon la Commission, elle dépasse les limites de de ce qui est indispensable en la matière et devrait être corrigée en respectant notamment le principe de la proportionnalité.
    Mais il apparaît de plus en plus clairement que le gouvernement polonais n'a nullement intention d'écouter les avis critiques. Si, au début, Mme Szydlo et ses ministres faisaient au moins semblant de les analyser, tel n'est plus le cas aujourd'hui. Au nom de la souveraineté de la Pologne, toute objection des institutions européennes est désormais considérée comme une ingérence intolérable dans les affaires polonaises.

    Si le rapport sur le Tribunal Constitutionnel de la Commission de Venise et celui, ensuite, de la Commission Européenne sur le même sujet avaient fâché le PIS qui l'avait dit haut et fort - ce qui était tout de même une sorte d'accusé de réception - il n'est même pas sûr que le rapport sur la surveillance sera lu par ceux à qui il est destiné. Comme si ce n'était plus la peine de faire semblant. Le vice-ministre des Affaires intérieures, Jaroslaw Zielinski l'a formulé on ne peut plus clairement: "Nous ne connaissons pas encore le texte complet de la Commission, nous allons l'analyser, mais je ne suis pas d'accord avec le message général qui en ressort".

    Bref, l'Europe peut toujours causer... 

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  • Alors que la Pologne vit des jours difficiles - conflit autour du Tribunal Constitutionnel, purge dans les médias publics, grève des infirmières, problèmes de financement de la retraite, etc etc - certains ministres du gouvernement de Mme Szydlo ne pensent qu'à soigner leur image médiatique. C'est le cas du ministre de la Justice, Zbigniew Ziobro (également, depuis peu, Procureur général) dont le besoin proprement pathologique de se mettre en valeur est en train d'atteindre un sommet. 

    Zbigniew Ziobro a donc décidé de se servir de Roman Polanski pour se poser en défenseur de la morale. Comment? En contestant la décision de non extradition du cinéaste rendue en octobre dernier par le Tribunal de Cracovie car "Polanski est accusé et poursuivi pour un crime cruel envers un enfant, un viol d'enfant."

    M.Ziobro demande donc à la Cour suprême polonaise de casser ce jugement car, dit-il, "ce n'est pas parce que Polanski est une personne connue qu'il doit être traité différemment. S'il s'agissait d'un Kowalski (ndlr : équivalent de Dupont), il aurait été expédié aux Etats-Unis depuis longtemps. Mais ici, on a affaire à un homme qui est défendu par la crème de l'élite et une partie des médias libéraux."

    Le fait que la personne la plus concernée par cette affaire, Samantha Geimer, aujourd'hui âgée de 50 ans, souhaite tourner la page et ne cesse de demander l'abandon des charges contre Roman Polanski laisse M.Ziobro totalement indifférent. La victime ne l'intéresse pas. Seul le coupable est digne d'attention. Et précisément parce qu'il ne s'appelle pas Kowalski (Dupont) auquel cas, M.Ziobro n'en tirerait aucun profit médiatique.

    Il est assez évident que le Ministre, qui est juriste, confond délibérément deux aspects de l'affaire Polanski, celui de la responsabilité pour ses actes et celui de la possibilité de l'extradition. Il est très rare qu'un Etat autorise l'extradition de son propre citoyen et le Tribunal de Cracovie n'a pas failli à cette règle.

    Mais quand on recherche la gloire médiatique à tout prix, on ne s'embarrasse pas de pareilles subtilités.

     

     

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  • "Tous pour la liberté, la liberté pour tous"

    Le 4 juin est une date symbolique pour la Pologne: c'est ce jour-là en 1989 que les Polonais ont pu participer aux premières élections parlementaires libres depuis la deuxième guerre.

    Aujourd'hui, le KOD et l'opposition souhaitent en faire une commémoration festive et joyeuse. Depuis plusieurs semaines déjà, ils préparent pour cette occasion des marches dont l'objectif est la défense de la liberté. Une liberté durement gagnée dans les années 80 et fortement menacée aujourd'hui par le PIS qui multiplie depuis son arrivée au pouvoir les atteintes aux institutions démocratiques et aux droits des citoyens.

    La plus grande manifestation aura lieu à Varsovie. Mais 32 autres villes en organisent aussi. Beaucoup de Polonais de l'étranger s'associent également à leurs compatriotes pour la commémoration de cet événement et cela dans 24 villes, de Paris à Copenhague, en passant par Londres, Washington et San Francisco.

    Plusieurs anciens présidents, premiers ministres et ministres polonais (Bronislaw Komorowski, Lech Walesa, Aleksander Kwasniewski, Radoslaw Sikorski, notamment) soutiennent la manifestation et en appellent à la solidarité européenne: "Défendons nos valeurs, notre partie et notre Europe commune".

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  • Arrogance, manque de respect, impolitesse et vulgarité: ce sont les principales caractéristiques du langage utilisé par les politiciens du PIS, tous plus paranoïaques les uns que les autres et de surcroît adeptes de la théorie du complot. Leurs paroles n'épargnent personne, ni l'opposition polonaise ni les partenaires européens et les internationaux. Les exemples sont légion.

    Jaroslaw Kaczynski dit des manifestants du KOD (Comité de défense de la démocratie):
    "Ils défilent sous les bannières blanc et rouge, ce qui est une énorme escroquerie. Ils méprisent la Pologne et ils ne sont pas désintéressés. Derrière ce mouvement, derrière cette large coalition qui est en train de se former contre nous, se trouvent les forces qui veulent maintenir la Pologne au plus bas (.... ) et en faire une sorte de colonie."
    Le président du PIS conseille également à Bill Clinton d'aller voir un médecin (sous-entendu psychiatre).

    Mais les plus doués dans ce domaine sont sans conteste le ministre des Affaires étrangères,Witold Waszczykowski et la députée Krystyna Pawlowicz.

    M.Waszczykowski, le politicien qui n'aime ni les végétariens, ni les cyclistes, ni les Allemands, traite maintenant le vice-président de la Commission Européenne, Frans Timmermans d'escroc. Il parle également de "négritude" lorsqu'il évoque les Etats-Unis de Barack Obama.

    Selon Mme Pawlowicz, la Commission de Venise se comporte avec outrecuidance.

    Cette députée compare les représentants de l'opposition aux fascistes quand elle ne les qualifie pas de "traîtres effrontés". Elle demande fréquemment au président de l'Assemblée de faire taire les représentants des autres partis et a elle-même réussi à interrompre ces collègues de l'opposition à 466 reprises pendant les 100 premiers jours du nouveau Parlement polonais, soit 40 fois par jour en moyenne! C'est dire que ça suffisance ne connaît pas de limites.

    D'où vient cette agressivité et ce mépris des autres? Deux hypothèses sont possibles: soit les fidèles de Jaroslaw Kaczynski sont issus des milieux peu cultivés, ne connaissent pas les codes de communication et sont trop paresseux pour les apprendre. Soit - et c'est plus probable sans exclure l'autre hypothèse - ce langage agressif et offensant fait partie de leur arsenal de combat (pour eux, gouverner c'est combattre). Car pour des gens qui prennent la politesse pour un aveu de faiblesse, seul le parler vulgaire et agressif est synonyme de la force.

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  • Mardi dernier, à l'issue de sa rencontre à Varsovie avec Frans Timmermans, vice-président de la Commission Européenne, la Première Ministre polonaise affirmait qu'une solution était en vue: "le gouvernement polonais a proposé des solutions qui pourraient être acceptées par le Parlement afin de clore le conflit autour du Tribunal Constitutionnel".

    Kaczynski: "Nous ne reculerons pas."

    M.Timmermans s'est montré, lui, plus réservé mais il a tout de même repoussé la publication du rapport sur l'état de droit en Pologne, signe qu'il espère encore un arrangement qui conviendrait à tout le monde: "Je vais continuer le dialogue. Je suis convaincu que bientôt ce dialogue ménéra à la résolution du conflit."

     M.Timmermans s'est-il entretenu avec la bonne personne?

    Mais la patience de l'Union Européenne risque d'être mal récompensée. Car dès le lendemain de la rencontre Szydlo-Timmemans, le Maître a parlé et sa parole est la seule qui compte pour le gouvernement de Mme Szydlo.

    Dans une interview accordée le 25 mai au quotidien  Gazeta Polska, Jaroslaw Kaczynski met les points sur les i.

    Kaczynski: "Nous ne reculerons pas."

    "Les élites européennes n'arrivent pas à accepter le choix démocratique des Polonais. Ce choix ne leur convient pas car il est contraire à leurs intérêts. C'est évident. Quant à nous, nous avons été légitimés par les électeurs à défendre les intérêts de la Pologne. Pas à lécher les bottes de quelqu'un, à servir les intérêts des autres mais à veiller aux intérêts de notre pays. Sur cette voie, nous ne reculerons pas d'un pas."

    Qui osera encore dire que le "dialogue" entre la Pologne et l'Union Européenne progresse?

     

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