• Janka Kaempfer Louis se livre dans son ouvrage “Adieu Varsovie”

    Par Élisabeth VOREPPE 

    Le Dauphiné Libéré

    24 avr. 2021 à 15:23 |  

    Janka Kaempfer Louis a dû quitter Varsovie en mars 1968, victime de “l’expulsion” par le gouvernement des Juifs rescapés de la Shoah. Un épisode de l’histoire de la Pologne que l’on ne connaît guère en France et encore moins en Suisse où elle se rendit alors pour étudier. Elle avait 17 ans. Cet événement explique le titre de son ouvrage : “Adieu Varsovie”. Avec “Adieu Varsovie” Janka Kaempfer Louis livre un témoignage poignant de l’histoire de sa famille.

    Dans “Adieu Varsovie”, Janka Kaempfer Louis fait le récit de l’itinéraire de ses parents. Celui de sa mère Irena, qui fut une résistante intrépide au sein du ghetto où elle sauva des vies et qui participa à l’insurrection de Varsovie. Celui de son père Ignacy qui passa 10 ans en exil en Union soviétique, qui était acquis aux idéaux communistes ce qui l’amena, après son retour en Pologne, à s’engager en faveur du pouvoir prosoviétique. En 1968 lors des événements, il émigra au Canada alors qu’Irena, qui avait perdu toute sa famille dans des circonstances atroces pendant la Shoah, s’établit à Rome. Elle seule revint en Pologne où elle se fit passer pour une poétesse italienne arrivée par amour du pays, reniant de ce fait son identité juive.

    Pour rendre justice aux souffrances endurées

    Ces trajectoires hors du commun, Janka les a découvertes après le décès de ses parents, au fil de recherches compliquées qui l’ont conduite en particulier en Palestine, en Roumanie, en Allemagne, en Italie, ses parents lui ayant tu la plupart des éléments de leur histoire. « Tout est parti d’un livre consacré à ma mère et resté en librairie seulement deux mois, l’ami de celle-ci au temps de la guerre l’ayant fait interdire. J’ai voulu faire la lumière sur sa vie mais aussi, pour rendre justice à son propre passé et à ses souffrances, sur celle de mon père que je savais tout sauf banale également ». Après sa captivité à Lviv en Sibérie puis en Ouzbékistan, Ignacy fut journaliste et homme de télévision, il travailla à l’Unesco et fut envoyé en mission en Afrique. Irena exerça elle aussi comme journaliste après la guerre. Doit-on s’étonner alors que Janka soit journaliste et productrice de télévision ?

    Aujourd’hui, elle navigue depuis 14 ans entre Genève, la Haute-Savoie et la Drôme, plus précisément Beaufort-sur-Gervanne.

    Un travail de mémoire libératoire

    La rédaction de ce livre a-t--elle difficile ? « Oui, avoue son auteure. J’avais essayé d’interroger ma mère, mais c’était un sujet tabou, elle était très abrupte et à chaque fois ce fut un fiasco. Je n’ai jamais pu avoir de vraie conversation avec elle. Avec ce départ de Varsovie je perdais mon premier avenir, celui que j’avais imaginé. Ce fut aussi l’occasion de l’éclatement de notre famille, chacun partant de son côté. Il fallait que je livre cette histoire pour qu’il en reste quelque chose. Pour moi c’était un travail de mémoire. Ce n’était pas une thérapie, mais ce fut libératoire. Ça, ça a été un bonus ! »

    « Une lecture difficile à oublier » Voici ce qu’écrit, en prologue du livre, Adam Michnik, organisateur de la résistance au pouvoir totalitaire polonais dans les années 60, conseiller du syndicat Solidarnosc, emprisonné pendant 6 ans, fondateur et rédacteur en chef de la “Gazeta Wyborcza” “Adieu Varsovie”, c’est le récit des destins humains lorsque l’Histoire se déchaîne […]. C’est le tableau d’un destin juif, présenté d’une perspective juive, émouvant et douloureux. Une lecture difficile à oublier. » 

    “Adieu Varsovie. Quand la Pologne chassait les rescapés de la Shoah”, éditions Ampelos. 180 pages, 13 €

     https://www.decitre.fr/livres/adieu-varsovie-9782356181978.html

     https://www.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=0%211&Search=adieu+varsovie&sft=1&sa=0

    De belles rencontres grâce à Vidéo Val de Drôme

    Janka Kaempfer Louis est l’une des quatre personnes co-fondatrices de l’association Vidéos val de Drôme. Elle œuvre, aux côtés de Jacques Mouriquand dont elle est la compagne, à la préservation de la mémoire vivante de la région. Au travers de reportages auxquels elle participe parfois lors du tournage mais surtout par ses conseils en particulier en fin de montage, la réalisation étant pour elle un domaine familier puisqu’elle a réalisé de nombreux reportages pour la RTS (Télévision publique suisse).   

     « Cela m’a permis de connaître très bien la région et son histoire et de faire de très belles rencontres humaines », souligne-t-elle, se sentant ainsi parfaitement intégrée dans la vallée. Vidéos Val de Drôme vient du reste de passer le cap du million de vues en cinq ans d’activité de l’association. Cela représente environ 800 000 personnes, dont 80 % en France.

    120 films sont proposés gratuitement au public sur le site tvvaldedrome.com.  

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