• L'Eglise polonaise passe à l'attaque

    Très restrictif, l'accès légal à l'avortement en Pologne n'est possible que dans trois cas de figure: lorsque la vie ou la santé de la mère est en danger, lorsque la grossesse est le résultat d'un viol et lorsque le fétus est sérieusement et irréversiblement endommagé. Mais c'est déjà trop pour l'Eglise polonaise. Elle est bien décidée à tout mettre en oeuvre pour le rendre tout simplement impossible au nom de la "protection complète de la vie". Raison pour laquelle, l'Episcopat polonais vient de préparer un communiqué déclarant "le compromis actuel inacceptable". Il sera lu dans toutes les églises polonaises ce dimanche 3 avril.

    Dans la mesure où l'Eglise et l'Etat sont séparés, cette prise de position, toute consternante qu'elle soit, ne devrait pas inquiéter outre mesure, même dans un pays aussi catholique que la Pologne. Mais avec l'arrivée au pouvoir du très conservateur parti de Jaroslaw Kaczynski, il est légitime de se demander dans quelle mesure l'Eglise et l'Etat sont encore séparés, autrement qu'en théorie.

    En effet, tous les membres du gouvernement actuel montrent ostensiblement leur attachement à la religion catholique, ils assistent aux messes transmises par les médias. Ils refusent d'accueillir les réfugiés au nom de la défense des valeurs chrétiennes (chercher l'erreur....), ils s'affichent à Torun lors des célébrations présidées par le père Rydzyk ( qui a tout récemment bénéficié d'une importante subvention pour son école de "journalisme" au détriment de certains projets culturels).

    Quant à la Première Ministre, Beata Szydlo, elle a déjà déclaré son soutien à une loi interdisant totalement l'avortement (ce jeudi 31 mars sur les ondes du premier programme de la Radio polonaise). Tout en précisant que lors de la votation au Parlement, les députés du PIS ne recevront pas de consigne de vote et seront libres de suivre la voix de leur conscience. Ouf!

    Il est vrai que malgré ses positions personnelles, Mme Szydlo admet que "la discussion sur ce sujet sera difficile". Sans parler de son côté explosif: il risque d'enflammer les opposants, conduire beaucoup de monde dans la rue et exposer, une fois de plus, le gouvernement polonais à la critique internationale. Il n'est pas sûr, du point de vue politicien, que l'enjeu en vaille la chandelle.

    Pour l'instant, l'affaire n'en est qu'au stade de l'initiative: le comité "Stop avortement" ne pourra commencer la récolte des signatures que lorsque le président du Parlement lui aura donné son feu vert. Ce qui risque de prendre un certain temps car le texte du projet de loi vient d'être retourné à ses auteurs: il lui manquerait l'évaluation des conséquences financières. Difficile de savoir ce que vaut réellement cet argument mais le comité n'a peut-être pas tort d'y voir une certaine réticence à l'égard de son projet. Ce qui serait, enfin, une très bonne nouvelle.

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