• En Pologne, le passé pourrit le présent

    Peu de citoyens européens réalisent l'importance de l'origine familiale et sociale dans la Pologne d'aujourd'hui. Or, c'est un sujet qu'il ne faut pas sous-estimer si l'on veut vraiment comprendre quelque chose à la situation polonaise actuelle.

    Il faut savoir que les Polonais n'ont de loin pas fini de regler leurs comptes avec le passé communiste. La page des 40 ans de dictature du prolétariat n'a jamais été tournée. Les vieilles rancunes sont tenaces et elles expliquent le climat dans lequel se passe le «débat» politique dans la Pologne actuelle. Un climat délétère, malsain où suspiccions et doutes empoisonnent les relations entre les gens et abaissent le niveau du débat public.

    Mais comment découvre-t-on les activités des familles des personnalités publiques (mais pas seulement)? En se rendant aux archives de l'Institut de la Mémoire nationale (IPN) qui contient tous les dossiers et les enquêtes policières. Cet Institut, créé en 1999, est une source inépuisable et précieuse pour les politiciens de droite et d'extrême droite qui peuvent y piocher des éléments du passé des personnes qu'ils souhaitent discréditer. La presse et les médias de droite, très friands de ce genre d'informations, les reprennent ensuite et la polémique est lancée.

    En Pologne, le passé pourrit le présent

    Prenons l'exemple de Mateusz Kijowski, le fondateur du KOD, un mouvement citoyen qui incite les Polonais à manifester pour la défense de la démocratie. Il apparaît que son grand-père était communiste au temps de Staline. Dans un pays normal, c'est anecdotique. En Pologne, ça devient une circonstance aggravante (M.Kijowski est déjà suspect en tant que défenseur de la démocratie).

    Surtout lorsque le Ministre de l'éducation et de l'enseignement supérieur, Jaroslaw Gowin l'annonce à l'antenne comme un scoop. Et qu'il explique qu'il existe un lien entre les organisateurs des manifestations pour la défense de la démocratie et les personnes qui ont appartenu à «l'appareil de répression communiste» et leurs descendants.

    En Pologne, le passé pourrit le présent

    Jaroslaw Gowin doit souffrir d'une amnésie. Il y a trois ans, sous le gouvernement de PO (Plateforme civique), il déclarait: «Fouiller dans le passé des familles, des gens, est une chose moralement absolument inadmissible. Cela n'entre pas dans les règles de conduite de la civilisation occidentale." Faites comme je dis, pas comme je fais.

    La communauté académique, choquée, n'entend pas passer sous silence l'intervention de «son» Ministre. Signée par plus de 500 personnalités, sa lettre ouverte proteste catégoriquement contre les allusions aux origines familiales dans le débat public et politique: «Nous considérons le contenu et la forme de ces allusions comme hautement inconvenants.»

    Nullement troublé, Jaroslaw Gowin hausse les épaules: «Il y a 100 000 personnes employées par les Hautes Ecoles." Ceux qui ont signé la lettre ne représentent donc, dit-il, qu'une toute petite partie de ce milieu. Ce que le Ministre oublie de relever, c'est la renommée de ces signataires qui représentent l'élite intellectuelle du pays.

     

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