• «Pas de Pologne sans l’Eglise»Présent au 24ème anniversaire de Radio Maryja, le président du PIS, M.Jaroslaw Kaczynski a renouvelé son soutien, sa gratitude et son admiration totales à ce média: « Cette victoire( la victoire du PIS au dernières élections) avait besoin de vérité et des gens qui sont au service de la vérité. Qui servent la Pologne. Qui sont des patriotes. Cette victoire confirme aussi une vérité: le fondement de l'identité polonaise, c'est l'Eglise et son enseignement. Il ne peut pas y avoir de Pologne sans l'Eglise (...) Chaque main levée sur l’Eglise est une main levée sur la Pologne.»

    Quant au Président polonais, M.Andrzej Duda, sa lettre de félicitation a été lue devant toute l’assemblée: « L’oeuvre de Radio Maryja représente une approche à la fois moderne et fortement ancrée dans la tradition, la foi et la culture polonaise de la réalité sociale. Le but de mon mandat est la reconstruction de la communauté des Polonais. Vous, vous y employez depuis des années."

    Radio Maryja été fondée en 1991 à Torun. C’est une radio catholique et conservatrice. Elle diffuse des prières, des messes et surtout des programmes politiques nationalistes, souvent à connotation antisémite. Elle s’implique dans les élections nationales non seulement en soutenant le parti PIS mais également en insultants ses adversaires. En juillet de cette année, par exemple, Radio Maryja a passé une heure et demie de son programme à injurier le président polonais sortant, M.Bronislaw Komorowski. Et au terme de cettte émission, le prêtre qui l’animait a refusé à M.Komorowski le droit à l’absolution.

    En échange de ses bons services, le parti de M.Jaroslaw Kaczynski est un fervent défenseur de Radio Maryja.

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  • Dans un jugement digne de Salomon, le Tribunal Constitutionnel a donné tort et raison à tout le monde. Selon la plus haute instance judiciaire du pays, l’élection de trois juges par le Parlement précédent était légitime et conforme au droit. Ces trois juges-là auraient dû être aussitôt assermentés par M.Andrzej Duda. En revanche, en ce qui concerne les deux autres juges - qui devaient remplacer les juges dont le mandat expire au début décembre - leur élection incombait au nouveau Parlement. Conclusion: le Tribunal Constitutionnel prie le Président polonais de procéder au plus vite à l’assermentation des juges dûment élus.

    La crise continue!

    On aurait pu penser que le très attendu décret du Tribunal allait mettre fin à la crise et permettre un retour au calme. Mais ce n’est pas le cas.

    D’un côté, M.Duda n’a pas l’air d’avoir entendu la sentence du Tribunal. En tout cas, lors de son allocution télévisée d’hier, il n’y a fait aucune allusion.

    De l’autre côté, les représentants du parti PO viennent de demander au Président de respecter le décret du Tribunal. Ils demandent également aux juges assermentés hier de renoncer à leur charge. Quant au leader du parti Nowoczesna, il exige l’assermentation immédiate des juges, faute de quoi - estime-t-il - le Président risque de devoir en répondre devant le Tribunal d’Etat. «Il ne vous reste pas beaucoup d’heures pour réagir» a même affirmé M.Petru.

    La crise continue!

     Manifestants devant le Tribunal

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  • Le PIS (Droit et Justice), vainqueur des dernières élections, est parvenu à ses fins. Au prix de la violation de la Constitution polonaise et malgré les protestations de nombreuses personnalités issues du monde judiciaire, universitaire et politique. Dans la nuit du 2 au 3 décembre, le Parlement polonais a élu cinq nouveaux juges du Tribunal Constitutionnel en remplacement de ceux qui avait été choisis par le Parlement précédent.

    Pas touche au Tribunal

    Les débats se sont poursuivis jusque tard dans la nuit dans une ambiance surchauffée. Alors que les députés de l’opposition essayaient de toutes leurs forces d’empêcher ce qui paraissait déjà comme inéluctable, à l’extérieur du bâtiment, de nombreux manifestants brandissaient des banderoles réclamant un Etat de droit. Mais c’était peine perdue. Manifestement,les jeux étaient faits bien avant. Forts de leur majorité absolue, les représentants du parti de M.Kaczynski n’ont rien voulu entendre. Les noms des nouveaux juges ont été aussitôt - c’est-dire au milieu de la nuit -  publiés dans le Monitor Polski (Journal Officiel). Ce qui a permis au Président polonais d’assermenter les juges au petit matin. L’affaire a donc été rondement menée. Pour ne pas dire bâclée à la vitesse grand V.

     Le président du PIS, M.Jaroslaw Kaczynski lors des débats du 2 décembre 

    Lorsque l’on sait que ce sera au Tribunal constitutionnel de juger la loi qui le régit actuellement, on comprend l’importance de l’enjeu pour PIS. Ce dernier entend en effet réformer complétement  le fonctionnement du Tribunal. En plaçant in extremis ses propres candidats au sein de cet organe judiciaire, il assure ses arrières. Ou, pour le dire autrement dit, il met la charrue devant les boeufs car avant de procéder à une éventuelle nouvelle élection, il aurait dû attendre la décision du Tribunal.

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  • 2000. C’est le nombre de réfugiés syriens et erythréens que le nouveau gouvernement polonais se dit d’accord d’accueillir. Initialement, c’est-à-dire avant les attentats de Paris, il s’agissait de 7000 personnes. Aujourd’hui, ce chiffre est considéré comme exagéré. Selon l’actuel ministre de l’Intérieur, M.Mariusz Blaszczak, le gouvernement précédent a eu tort de prendre cet engagement. « Le plus important pour notre gouvernement, c’est la sécurité. Nous n’accepterons aucun compromis. Pour nous ce qui compte, c’est la sécurité de la Pologne et des Polonais.»

    La Pologne compte 38 millions d’habitants. Selon les derniers sondages, 73% d’entre eux ne souhaitent pas ouvrir les frontières du pays aux étrangers en provenance de l’Afrique et du Proche Orient. Si leur opposition s’exprime souvent par des propos hostiles et des commentaires haineux placés sous certains articles de journaux, un certain nombre d’entre eux n’hésitent pas devant des actions musclées (telles que l’agression physique des personnes) ou des manifestations publiques pendant lesquelles fusent les slogans xénophobes et anti-européens. 

     «Nous ne voulons pas de la germanisation de l’Union Européenne», «Aujourd’hui migrants, demain terroristes»

    Les manifestations anti-réfugiés qui rencontrent le plus de succès sont organisées par un mouvement de la jeunesse polonaise, «Mlodziez Wszechpolska" (MW).Voici comment il se présente sur son site: «MW est une association socio-éducative réunissant des jeunes gens quiaiment leur patrie et sont attachés à l’Eglise Catholique Romaine . Notre objectif est d’éduquer nos membres dans l’esprit des valeurs nationales et catholiques afin qu’ils cultivent pleinement le sens des devoirs patriotiques et soient ainsi utiles à la Patrie, quels que soient les postes qu’ils occupent.»

    «Hier Paris, demain Poznan. Pologne réveille-toi!»

    MW compte environ 3000 membres et est présente dans toutes les grandes villes polonaises.L’une de ses dernières manifestations a eu lieu à Cracovie le 18 novembre de cette année.Selon «Gazeta Prawna», quelque mille personnes y ont pris part: «Ils criaient «Cracovie libre de l’islam» et «Mort à l’Etat Islamique» mais il y avait aussi des slogans injurieux à l’égard des minorités et de l’islam».

     Au même moment, de l’autre côté de la place, une vingtaine de personnes manifestaient en faveur de l’accueil des réfugiés. Leur message est clair: «Nous voulons montrer que Cracovie ne s’exprime pas  uniquement avec haine et intolérance. Les réfugiés fuient exactement ce dont nous avons peur.»

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  • Ca va donner à peu près çaL’effigie d’un Juif tenant le drapeau européen brûle au milieu de la ville. Autour du bûcher, un groupe de manifestants scandent des slogans anti-réfugiés et anti-européens.Ils brandissent des banderoles racistes. Les policiers présents sur les lieux ne bronchent pas et se contenent de regarder. C’est une scène nocturne surréaliste. On se croirait en Allemagne dans les années 30 du 20ème siècle. Mais cette scène se passe en Pologne, à Wroclaw, au milieu du mois de novembre de cette année. Et toute la Pologne a pu la voir sur les différentes chaînes de télévision et sur les réseaux sociaux. Depuis l’arrivée au pouvoir du parti dit conservateur PIS (Droit et Justice) après les élections du 25 octobre 2015, les frustrés de la démocratie polonaise, les aigris, les racistes, les antisémites sortent au grand jour en étalant leur haine. Ils sentent qu’ils ont le feu vert: tout ce que le nouveau gouvernement  a dit ou fait en une semaine à peine au pouvoir va dans leur direction.

    DRÔLE DE GRACE

    Sous le nouveau régime, la première décision du président de la République, M. Andrzej Duda, a été de gracier un ancien ministre condamné en première instance et dont la cause est actuellement en appel. M.Mariusz Kaminski, ex chef du Bureau Central Anticorruption a  été condamné au mois de mars de cette année à trois ans de prison et dix ans de non-éligibilitéCa va donner à peu près ça pour abus de pouvoir dans l’exercice de ses fonctions. Lui accorder la grâce présidentielle alors que sa peine n’est pas encore exécutoire revient à violer la Constitution et constitue une ingérence évidente dans le domaine de la justice. Cela n’a pas l’air de déranger le président polonais: « C’est une mesure qui décharge le tribunal». Cet acte est ressenti comme un véritable camouflet non seulement par le juge qui s’est occupé de ce dossier mais également par ses collègues. Il augure mal de l’avenir de la séparation des pouvoirs en Pologne.

    Dans la même veine, le parlement s’occupe actuellement du Tribunal constitutionnel. Dans la nuit du 25 novembre, il a annulé les nominations des juges choisis par le parlement précédent. Par ailleurs début novembre, le président du PIS, Jaroslaw Kaczynski a annoncé la refonte du système scolaire. Il entend supprimer les gymnases, c’est-à-dire les écoles intermédiaires entre le primaire et le secondaire, un système réintroduit dans l’éducation polonaise en 1999.Après la réforme, estime-t-il dans une interview au quotidien «Rzeczpospolita», «tous les élèves ne seront pas des génies mais ils seront disciplinés.» Entendez par là, obéissants au pouvoir en place. Car, selon la premier-ministre Beata Szydlo, le PIS entend former une nouvelle génération des Polonais dotée «  d’une identité nationale et patriotique fortes».

    Premier pas dans cette direction: Mme Szydlo a décidé de supprimer les drapeaux européens lors de toutes les apparitions officielles du gouvernement. Pour elle, rien de plus beau que le blanc et rouge (pour rappel, sous le gouvernement précédent, ces drapeaux alternaient avec les drapeaux polonais). 

    TENTATIVE DE CENSURE

    Par ailleurs, le nouveau ministre de la culture, M.Piotr Glinski (également vice-premier ministre du nouveau gouvernement) a réclamé l’interdiction du nouveau spectacle au Théâtre Polonais de Wroclaw car, sans l’avoir vu, il le juge pornographique. Il s’agit de la mise en scène d’une pièce de l’Autrichienne Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature 2004.La première de ce spectale vient d’avoir lieu car le maire de Wroclaw ne s’est pas laisse intimider. Mais à l’entrée du théâtre, les spectateurs ont dû affronter un groupe de manifestants (parmi lesquels on reconnaissait les «brûleurs» de Juifs) entonnant des chants religieux et bloquant le passage. Cette fois, la police est intervenue pour rendre le lieu accessible.

    Ca va donner à peu près çaAu final, 20 personnes ont été arrêtées, 12 passeront devant le tribunal.

    LA TV PUBLIQUE EN LIGNE DE MIRE

    Invité, deux jours après, à la TV polonaise, le ministre Glinski a refusé de répondre aux questions de la journaliste (portant notamment sur les raisons de sa volonté de censure). L’interview s’est mal passée. Manifestement, M.Glinski souhaitait profiter de son passage à l’antenne pour faire ex cathedra une déclaration «orbi et urbi». Mais la journaliste, Karolina Lewicka ne s’est pas laissée faire:  «Lorsqu’un politicien désire faire des déclarations, il convoque une conférence de presse. Ici, c’est une émission de débats, les politiciens connaissent ses règles et ils répondent aux question." Hors de lui - et toujours en direct -le ministre de la culture a promis de faire de l’ordre à la télévision polonaise. «Cela ne se passera pas comme ça!» A la sortie du studio, une équipe a suivi le ministre au vestiaire. Une journaliste (une autre )l’a bombardé de questions concernant ses compétences dans le domaine de la culture (c’est un technicien). Devant son mutisme, elle a lâché une dernière question: «Vous allez vous taire comme ça pendant les quatre prochaines années?» Cette non  in-interview a fait le tour des réseaux sociaux.

     C’est également d’abord par les réseaux sociaux que l’on a appris dès la fin de l’émission, que Karolina Lewicka a été suspendue dans ses fonctions de présentatrice par le directeur de la TV polonaise. Selon lui, elle avait rompu avec «les standards journalistiques». Cette suspension sera cependant examinée le lendemain par la commission éthique. 

    Le chef direct de la journaliste a immédiatement pris fait et cause pour sa collaboratrice. Pour lui, c’est le  comportement de l’invité qui a fortement laissé à désirer. La société des rédacteurs s’est également déclaré scandalisée par la décision directoriale. Le lendemain, la commission éthique blanchissait la journaliste en déclarant que celle-ci n’a violé aucune des 16 règles éthiques du métier. Le président de la de TV polonais, en désaccord avec ce constat, vient cependant de la réintégrer dans ses fonctions.

    Janka Kaempfer

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