• Mieux (pire) qu'une série TV

    Depuis que le Parlement polonais (au sein duquel PIS dispose d'une majorité absolue) a élu des nouveaux juges en violant la loi sur le Tribunal Constitutionnel pour, ensuite, reficeler cette dernière à sa façon, c'est-à-dire sans consultations ni expertises, la Pologne est devenue le mauvais élève de l'Europe. Mais toutes les critiques reçoivent la même réponse: La Pologne est un pays souverain et ce que fait PIS représente un «bon changement».

    Quant aux Polonais, qu'ils le veuillent ou non, depuis trois mois déjà les voilà obligés de suivre un mauvais feuilleton. Et ce feuilleton-là, impossible de le zapper, impossible de l'éteindre comme on le ferait avec un poste de télévision (ils sont déjà plus d'un demi-million à avoir abandonné le JT de la TVP).

    Ce feuilleton semble avoir été écrit par des scénaristes en panne d'imagination. Inlassablement, à chaque objection, le gouvernement avance la thèse du complot, de la trahison et de l'incompréhension. Trahison de part des mauvais Polonais qui vont se plaindre à l'étranger. Complot de ces derniers avec toutes les instances européennes, les Allemands et la gauche réunis. Incompréhension car les politiciens qui critiquent ne disposent pas d'informations nécessaires. Systématiquement, le ministre des affaires étrangères Waszczykowski articule ces reproches dans des lettres très peu diplomatiques et en inonde tous les représentants du monde européen. S'il voulait se mettre tout le monde sur le dos, il ne s'y prendrait pas autrement.

    Nouvel épisode

    Dernier épisode de cette série, la parution du rapport préliminaire de la Commission de Venise, censée vérifier la conformité des lois avec la constitution et le respect des règles démocratiques. Invités par le ministre des affaires étrangères, plusieurs représentants de la Commission sont venus à Varsovie en février, ont écouté tout le monde et établi un rapport qui sera discuté les 11 et 12 mars en session plénière. L'opinion arrêtée à ce moment-là sera définitive.

    Il se trouve que ce rapport - une critique très sévère - a été publié (le lendemain de son arrivée sur le bureau ministériel) par Gazeta Wyborcza, le quotidien d'opinion que PIS in corpore tient dans une détestation absolue. Magnifique occasion pour le gouvernement polonais pour dénoncer .... un complot. Ce n'est plus très original mais c'est la ligne du parti et tous les ministres s'y tiennent.

    Au tour des Américains

    Il est de plus en plus évident que le gouvernement de Beata Szydlo n'a nulle intention de respecter les recommandations de la Commission de Venise. D'autant plus que Jaroslaw Kaczynski a déjà traité publiquement ses conclusions d 'absurdes. Désormais, tout ce qui vient des Européens est irrecevable. Les Etats-Unis sauront-ils faire pencher la balance du côté des droits fondamentaux? C'est en tout cas, selon Wall Street Journal, le but des diplomates américains qui, lors de leurs récentes visites à Varsovie, ont fait pression sur leurs interlocuteurs polonais.

    Le gouvernement PIS peut-il se permettre de faire la sourde oreille à leurs arguments? (Notamment, la veille du sommet de l'OTAN qui doit se tenir en Pologne en juillet de cette année.) Pas sur le plan de la logique et de la raison. Mais cela fait déjà trois mois que la politique polonaise a quitté le terrain du rationnel. Aujourd'hui, la Pologne est gouvernée par l'ego surdimensionné de Jaroslaw Kaczynski, l'arrogance du Président de la Pologne Andrzej Duda, l'entêtement de Beata Szydlo et la morgue de ses ministres. Et le mot dialogue ne figure pas dans leur vocabulaire. Il n'a pas été prévu par les scénaristes.

     

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  • «Mes chers, je suis venue ici pour manifester mon opposition à ce gouvernement et à ce petit bonhomme qui se tient derrière tous ceux qu'il a choisis et qui ne se montre pas car il a peur, comme il avait peur pendant l'état d'urgence. Il n'a pas été interné, il s'est enfermé entre quatre murs avec son chat et maintenant, il a peur et il cherche des coupables.» Jaroslaw Kaczynski a dû apprécier...

    Quand Danuta Walesa règle ses comptes, c'est en public et sans langue de bois. L'épouse de Lech - que le monde occidental a découvert lorsqu'elle s'était rendue à Oslo recevoir le prix Nobel à la place de son mari (empêché de partir par le gouvernement de l'époque) - n'est plus depuis longtemps un personnage de l'ombre. Elle participe à part entière de la «Légende». Elle se devait donc d'être présente hier à la grande manifestation organisée par les habitants de Gdansk en soutien à leur héros.

    Après avoir dit ses quatre vérités sur le compte de Jaroslaw Kaczynski, Danuta Walesa s'en est prise aussi à l'Eglise de Pologne: «L'Eglise pourrait dire beaucoup de choses, les prêtres ou les évêques qui ont connu cette époque, mais l'Eglise a obtenu ce qu'elle voulait. Walesa a imposé les messes à la radio et à la télévision et bien d'autres choses. Mon Dieu, l'Eglise devrait être avec le peuple, le religieux devrait vivre pauvrement car il a fait le voeu de la pauvreté et celui qui se trouve à Torun (ndlr: le père: Rydzyk qui soutient activement PIS et dont les messes nagent dans l'opulence), ce n'est pas un religieux, c'est un businessman.»

    Le discours de Danuta a électrisée la foule. Mais il a aussi réveillé pas mal de réactions négatives, voire haineuses, de la part des partisans du PIS sur les réseaux sociaux. Manifestement, le clivage social en Pologne ne cesse de s'intensifier et c'est très inquiétant.

     

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  • La Commission de Venise «appelle tous les organes de l'Etat à respecter et à exécuter pleinement les décisions du Tribunal Constitutionnel (TC) et appelle en particulier le Parlement à retirer les lois qui ont été adoptées alors qu'elles contreviennent au jugement du TC.»

    Il s'agit avant tout de l'élection en novembre des trois juges en lieu et place de ceux qui ont été choisis en toute l'égalité par le Parlement précédent. (Le Président Andrzej Duda campe sur ses positions et refuse toujours de les assermenter.)

    Par ailleurs, selon la Commission, la loi qui change le fonctionnement du TC et qui le rend de ce fait inopérationnel va à l'encontre des trois principes fondamentaux du Conseil Européen:

    - le principe de démocratie (elle élimine l'équilibre et le contrôle réciproque des pouvoirs)
    - le principe des droits de l'Homme (elle ralentit drastiquement les procédures lésant ainsi les    particuliers auteurs de  plaintes constitutionnelles)
    - le principe de la justice et de la légalité (elle rend le TC inopérationnel)

    La Commission est arrivée à Varsovie au début du mois de février. Lors de son séjour, elle a rencontré le Président de la Pologne, Andrzej Duda, les juges du Tribunal Constitutionnel, le président du Tribunal Suprême, le ministre de la justice et les présidents de l'Assemblée parlementaire (Chambre Basse et Sénat). Son rapport est très attendu par la Commission Européenne. Au moment où elle quittait la Pologne, le Ministre des affaires étrangères, Witold Waszczykowski (celui qui n'aime ni les cyclistes ni les végétariens ni les critiques de la presse étrangère, ni le carnaval de Düsseldorf, etc etc) affichait un bel optimisme. Il avait l'impression que la Commission était partie avec le sentiment que "rien de grave ne se passait en Pologne". Mais, à tout hasard, il tenait à préciser que la Commission n'émettait que des «recommandations» que «l'Etat peut réaliser ou non».

    Le rapport de la Commission de Venise sera discuté et adopté dans sa forme définitive les 11 et 12 mars. Sans être un devin, on peut déjà prévoir la réponse du gouvernement polonais.

     

     

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  • La Radio Polonaise vient de refuser la diffusion du spot promotionnel de la Gazeta Wyborcza, le principal quotidien national qui publie souvent des informations critiques peu appréciées par le gouvernement actuel. Le spot, dont le passage à l'antenne était prévu pour demain, énumérait les principaux titres du week-end dont la manifestation de KOD (Mouvement de défense de la démocratie). A propos de cette dernière, il annonçait la publication d'une affiche spéciale de solidarité avec Lech Walesa, ajoutée à l'édition. La Radio a d'abord expliqué que le spot était arrivé hors délais, puis a demandé au journal de le refaire, pour finalement confirmer sa première décision. 

     

     Solidaires avec Lech

     

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