• Beaucoup de Polonais, inquiets pour l'avenir de leur pays, attendaient avec espoir le débat au Parlement Européen qui a mis ce sujet à son ordre du jour hier. Ce débat a eu lieu avec la participation de la Première Ministre, Beata Szydlo. Mais peut-on vraiment parler de débat? A force de ne vouloir vexer personne et surtout pas un Etat souverain, les europarlementaires ont multiplié les déclarations d'amitié et de respect pour la Pologne, pays courageux au passé malheureux qui a toujours su se relever et réaffirmer son indépendance. Ils ont salué au passage Solidarnosc, ce mouvement ouvrier qui a ouvert la voie vers la liberté à d'autres pays de l'Est.

    On aura vite compris, pour tous les députés qui avaient des critiques à adresser au nouveau gouvernement polonais, il était primordial de montrer qu'il n'était pas question de s'immiscer dans les affaires internes du pays mais uniquement de faire part d'inquiétudes concernant le respect des valeurs européennes fondamentales. Rares étaient ceux qui comme Guy Verherstadt  et Frans Timmermans ont maintenu leurs objections avec fermeté et se sont dit déçus du manque de vraies réponses de la part de la Première Ministre polonaise. Celle-ci a évité toute confrontation directe et esquivé avec persévérance les rares questions qui lui étaient posées.

    Quant aux europarlementaires polonais appartenant aux partis d'opposition, leur situation était particulièrement délicate. Comment dénoncer les violations de la Constitution et la nationalisation des médias en plein Parlement Européen publics sans pour autant passer pour des traîtres à leur patrie? Mission quasiment impossible car en Pologne, PIS n'a de cesse de stigmatiser tous les Polonais qui osent dire à l'étranger que cela ne se passe pas bien dans leur pays. «On lave son linge sale en famille» est d'ailleurs devenu la devise numéro un de Mme Szydlo. 

    Quand le politiquement correct tue le débat

    Le seul point positif de la journée d'hier a été la présence à Strasbourg de Mateusz Kijowski, le fondateur du KOD (Comité pour la défense de la démocratie). Une présence saluée par des nombreux députés qui reconnaissent le rôle de son mouvement dans la lutte pour le maintien de l'Etat de droit en Pologne et donnent ainsi un signal fort au gouvernement de Mme Szydlo.

     

     

     

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    «Nous écouterons tout le monde»: l’une des promesses électorales du parti conservateur PIS sera bel et bien tenue. Dans les semaines à venir, la loi sur la surveillance du net entrera en vigueur. Comment cela va-t-il se passer concrètement?

    C’est grâce à l’installation des interfaces chez les fournisseurs d’accès que les services de renseignements pourront accéder aux données de chaque internaute. Ces données sont d’ailleurs déjà enregistrées par les fournisseurs mais, jusqu’à présent, ceux-ci n’étaient pas obligés de les mettre à la disposition des autorités. Maintenant, ils ne pourront pas refuser.

    Il sera donc possible de savoir quels sont les sites visités par la personne surveillée, combien de temps elle y passe, quels forums elle fréquente, qui sont ses correspondants, etc.etc.
    Toute chose qui pourrait se justifier par des soupçons fondés d’actes illégaux car il s’agit, selon la police, de « prévenir ou découvrir des délits". Mais comme la décision de mise sous surveillance ne sera plus soumise à l’autorisation d’un juge et qu’il n’est donc plus question de rendre vraisemblable des velléités dangereuses pour la société, il est impossible de savoir selon quels critères tel internaute sera suivi plutôt que tel autre.

    Certes, la justification d’une mise sous surveillance pourra encore être demandée mais .... a posteriori. Les juges recevront tous les six mois la liste de tous les cas - autant dire qu’ils vont crouler sous les dossiers - et auront la possibilité (mais n’y seront pas tenus) de demander des explications plus détaillées pour certains d’entre eux. C’est une véritable mission impossible même pour les juges les plus consciencieux. Et l’entrée dans l’ère de l’arbitraire
    pour tous les Polonais connectés.

     

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      Ce qui fait courir les ministres polonais

    Ministre de l'environnement, Jan Szyszko

    Il a l'intention d'abattre une énorme quantité d'arbres de la forêt de Bialowieza. Celle-ci  fait pourtant partie de la liste du Patrimoine mondial établie par l'UNESCO. Le ministre prétend que la coupe est nécessaire car les arbres de cette forêt sont attaqués par les scolytes. Mais les écologistes estiment que la forêt n'est pas menacée, qu'elle est capable de se défendre toute seule. Ils pensent que les scolytes servent de prétexte pour permettre la vente du bois et réduire ainsi le déficit de la direction des forêts. Après les arbres, le ministre veut s'attaquer aux bisons. Greenpeace a déjà recueilli 30 000 signatures sous sa pétition de défense de cette forêt qui fait la fierté des Polonais.

      Ce qui fait courir les ministres polonais

    Ministre des affaires étrangères, Witold Waszczykowski

    Il n'aime ni les cyclistes ni les végétariens, ni les adeptes des énergies renouvelables ni les commissaires de l'Union Européenne. Et il le dit haut et fort dans de nombreuses interviews qu'il accorde très volontiers aux médias étrangers et polonais.Ensuite, il passe son temps en dénégations et rectifications: soit ses propos ont été déformés, soit il a fait un lapsus, soit sa parole a dépassé sa pensée.

      Ce qui fait courir les ministres polonais

    Ministre de la Justice, Zbigniew Ziobro

    Son rêve vient de se réaliser: il a obtenu la réforme du Tribunal Constitutionnel (TC) qui rend celui-ci inopérationnel. Il déteste le président du TC (qui est d'ailleurs la bête noire de l'ensemble de son parti). Il le charge de tous les maux, sans vérifier ses informations. Il le menace de mesures de rétorsion en l'accusant d'avoir participé à un voyage en Chine, pays «qui ne respecte pas les droits de l'Homme" (Andrzej Rzeplinski ne faisait pourtant pas partie de la délégation des juges qui s›est rendue, tout à fait officiellement d'ailleurs, en Chine!). Dès qu'il parle de Rzeplinski à la TV, le visage du ministre vire au rouge et sa voix monte. Il le verrait bien en prison et il le dit. Le ministre rêve aussi de la «décommunisation" des procureurs: il a l'intention de licencier tous ceux qui autrefois exerçaient leurs fonctions sous le régime communiste.

    Ministre de la Culture, Piotr Glinski
    Il n'aime pas les journalistes de TV qui lui posent des questions embarrassantes. Ils espère qu'ils seront tous rapidement mis à la porte (son voeu est en train d'être exhaucé). Il a voulu interdire un spectacle «pornographique" au Théâtre Stary de Cracovie sans l'avoir vu (quelque temps après, il a admis que sa réaction était peut-être disproportionnée...). Il rêve à haute voix d'un grand film patriotique
    à la gloire de la Pologne.

      Ce qui fait courir les ministres polonaisMinistre de l'éducation, Jaroslaw Gowin
    Il n'aime pas les gays et les lesbiennes, et souhaite éliminer des bibliothèques universitaires toutes les publications concernant l'homosexualité.

     

      Ce qui fait courir les ministres polonais

     

    Le ministre des Finances, Pawel Szalamacha
    Il n'accepte pas la baisse de la note de la Pologne par Standard &Poor's. Il est juriste mais affirme sans se démonter que l'agence se trompe et devra revenir en arrière.

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  • Bonne nouvelle pour les services de renseignement polonais: ils auront désormais libre accès aux données privées sur internet de tous les citoyens du pays et ceci sans l’aval d’un tribunal. Le rêve, jusqu’à présent inaccessible, de tout officier de renseignement se réalise en Pologne. Fouiller dans la vie privée des gens sans avoir à le justifier et donc d’une façon qui peut se révéler finalement arbitraire, voilà le cadeau offert par le PIS aux organisations policières. 

    La seule obligation des services de surveillance sera de fournir tous les six mois à l’instance judiciaire compétente les données statistiques recueillies afin qu’elle décide si elle entend les vérifier. Mais on voit mal comment un contrôle a posteriori pourrait garantir les droits fondamentaux des citoyens.

    La nouvelle loi sur la surveillance a été adoptée par les députés du PIS (qui détiennent la majorité absolue) malgré l’opposition de tous les autres groupes parlementaires. Elle a donc été acceptée par 234 voix contre 213 et 3 abstentions.

    PO (Platforme civique) souhaitait au moins que la consultation des données ne soit possible que lorsque toutes les autres méthodes auraient échouées. Le parti Nowoczesna voulait que le tribunal soit immédiatement informé dans les cas où il s’agirait de données de télécommunication et exigeait que les informations couvertes par les secret professionnel des journalistes soit immédiatement détruites.

    Aucun de ces amendements n’a passé la rampe. Et étant donné qu’il ne fait aucun doute que le Président de la Pologne signera la nouvelle loi comme il a signé les précédentes (Tribunal constitutionnel, Loi audiovisuelle), le Big Brother polonais a des beaux jours devant lui.

     

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  • Tous ces visages, entre autres, étaient bien connus du public polonais. Ces journalistes, présentateurs et reporters incarnaient l'image de la Radio et de la Télévision polonaises. Les téléspectateurs et les auditeurs devront désormais s'en passer. C'est la conséquence de la "nationalisation" des médias votée par PIS.






     

    Ceux que les Polonais ne verront plus

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