• «Pourquoi la mise sur écoute de plus de 80 journalistes et avocats qui s'occupaient d'une affaire compromettante pour le précédent gouvernement vous a-t-elle échappée? Les services spéciaux employaient des collaborateurs secrets pour surveiller les rédactions indépendantes» (ndlr: il s'agit de l'affaire d'enregistrements illégaux de membres du gouvernement PO dans les restaurants).

    Les fantasmes et la réalité

    Voilà ce qu'écrivait il y a un mois le Ministre de la justice, Zbigniew Ziobro au commissaire européen Gunther Oettinger dans une lettre largement reprise par tous les médias nationaux. De cette mise à l'écoute, PIS avait fait l'un de ses chevaux de bataille lors des dernières élections. Il exigeait également des excuses de la part du précédent parti au pouvoir, PO. De son côté, le nouveau Commandant en chef de la Police, Zbigniew Maj avait pour charge de faire toute la lumière sur cette affaire. Les dénégations de l'ancien chef de la police et de son ministre n'intéressaient personne.

    Seulement, la baudruche s'est rapidement dégonflée. Pas assez vite cependant pour détromper les électeurs qui ont élu les parlementaires du PIS, notamment sur la foi de ses assertions. Les enquêteurs viennent de déposer leur rapport sur cette affaire: ils n'ont trouvé ni irrégularités ni motifs pour relancer une nouvelle enquête. Conclusion: il n'y a aucune preuve ni même aucun indice. Bref, contrairement à ce que prétendait Zbigniew Ziobro, aucune loi n'a été violée.

    Quant au Commandant Maj, il a démissionné il y a quelques jours, soit deux mois à peine après sa nomination. La raison de son brusque départ n'a pas été révélée. On peut cependant se demander si le fait de n'avoir rien trouvé dans l'affaire de la surveillance n'a pas été fatal à sa carrière. Ce qui est sûr, c'est que la crédibilité du PIS, déjà très entamée par les premiers mois de sa gouvernance de la Pologne, n'en sort pas grandie.

     

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  • Peu de citoyens européens réalisent l'importance de l'origine familiale et sociale dans la Pologne d'aujourd'hui. Or, c'est un sujet qu'il ne faut pas sous-estimer si l'on veut vraiment comprendre quelque chose à la situation polonaise actuelle.

    Il faut savoir que les Polonais n'ont de loin pas fini de regler leurs comptes avec le passé communiste. La page des 40 ans de dictature du prolétariat n'a jamais été tournée. Les vieilles rancunes sont tenaces et elles expliquent le climat dans lequel se passe le «débat» politique dans la Pologne actuelle. Un climat délétère, malsain où suspiccions et doutes empoisonnent les relations entre les gens et abaissent le niveau du débat public.

    Mais comment découvre-t-on les activités des familles des personnalités publiques (mais pas seulement)? En se rendant aux archives de l'Institut de la Mémoire nationale (IPN) qui contient tous les dossiers et les enquêtes policières. Cet Institut, créé en 1999, est une source inépuisable et précieuse pour les politiciens de droite et d'extrême droite qui peuvent y piocher des éléments du passé des personnes qu'ils souhaitent discréditer. La presse et les médias de droite, très friands de ce genre d'informations, les reprennent ensuite et la polémique est lancée.

    En Pologne, le passé pourrit le présent

    Prenons l'exemple de Mateusz Kijowski, le fondateur du KOD, un mouvement citoyen qui incite les Polonais à manifester pour la défense de la démocratie. Il apparaît que son grand-père était communiste au temps de Staline. Dans un pays normal, c'est anecdotique. En Pologne, ça devient une circonstance aggravante (M.Kijowski est déjà suspect en tant que défenseur de la démocratie).

    Surtout lorsque le Ministre de l'éducation et de l'enseignement supérieur, Jaroslaw Gowin l'annonce à l'antenne comme un scoop. Et qu'il explique qu'il existe un lien entre les organisateurs des manifestations pour la défense de la démocratie et les personnes qui ont appartenu à «l'appareil de répression communiste» et leurs descendants.

    En Pologne, le passé pourrit le présent

    Jaroslaw Gowin doit souffrir d'une amnésie. Il y a trois ans, sous le gouvernement de PO (Plateforme civique), il déclarait: «Fouiller dans le passé des familles, des gens, est une chose moralement absolument inadmissible. Cela n'entre pas dans les règles de conduite de la civilisation occidentale." Faites comme je dis, pas comme je fais.

    La communauté académique, choquée, n'entend pas passer sous silence l'intervention de «son» Ministre. Signée par plus de 500 personnalités, sa lettre ouverte proteste catégoriquement contre les allusions aux origines familiales dans le débat public et politique: «Nous considérons le contenu et la forme de ces allusions comme hautement inconvenants.»

    Nullement troublé, Jaroslaw Gowin hausse les épaules: «Il y a 100 000 personnes employées par les Hautes Ecoles." Ceux qui ont signé la lettre ne représentent donc, dit-il, qu'une toute petite partie de ce milieu. Ce que le Ministre oublie de relever, c'est la renommée de ces signataires qui représentent l'élite intellectuelle du pays.

     

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  • Depuis l’arrivée au pouvoir du PIS (Droit et Justice) à la fin du mois d’octobre 2015, les critiques à l’égard de sa politique ne cessent de s’intensifier aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Pologne. Pour «neutraliser» les objections internes, PIS applique la stratégie du dénigrement. En déconsidérant publiquement ses adversaires, il essaie de les décrédibiliser.Avec un succès mitigé mais peu lui importe car l’opinion publique polonaise est le cadet de ses soucis.

    Il en va tout autrement des critiques venues de l’extérieur. Celles-là, le gouvernement polonais a de la peine à les supporter et il ne les comprend pas (ou fait semblant de ne pas les comprendre). Pour commencer, les nombreux articles des journaux allemands qui suivent au plus près l’évolution de la situation politique chez leur voisin et qui ne ménagent pas leurs objections, des objections qui font enrager plusieurs ministres dont Witold Waszczykowski (celui qui n’aime ni les cyclistes ni les végétariens) et Zbigniew Ziobro (celui qui veut la tête du Président du Tribunal Constitutionnel). Et maintenant que d’autres médias étrangers posent un regard peu tendre sur la Pologne, il ne se passe pas de jour sans que l’un ou l’autre de ces ministres n’élève une protestation en bonne et due forme.

    PIS donne des leçons à la BBC

    Le dernier ennemi en date du PIS, c’est la BBC. Son reportage sur la Pologne, diffusé le 21 janvier dernier, a été passé au peigne fin par les fonctionnaires du Ministère des affaires étrangères. Conclusion: il est partial, il présente la situation polonaise actuelle «de façon superficielle et déformée, sans respecter les règles journalistiques". Il «éveille chez le spectateur un sentiment d’angoisse et de peur». Le Ministère pointe également «une documentation insuffisante", « un manque de connaissance du contexte», «un langage imprécis et émotionnel» et «des conclusions non fondées». Entre autres.

     Par conséquent, le Ministère a décidé d’envoyer à la BBC une mise au point officielle. Espère-t-il que la TV britannique le remerciera pour cette leçon de journalisme gratuite? Mieux encore, s’attend-il à des excuses? Il pourrait peut-être inviter certains reporters de la BBC à suivre un stage accéléré de déontologie auprès de leurs confrères de la TV polonaise nationalisée....

     

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  • Mariusz Pudzian, dit Pudzilla, est un routier et un strongman, célèbre dans son pays et au-delà: cinq fois nommé l'"Homme le plus fort du monde» entre 2005 et 2008. C'est aussi un partisan fidèle de Kukiz15 - un parti allié au PIS - qui représente l'aile la plus nationaliste du Parlement polonais. Sur son profil FB (très suivi), MP publie des commentaires haineux qui, la plupart du temps, prennent pour cible les étrangers.                                                                                    

    La haine à l'état purDans un des derniers, il montre une batte de baseball avec le sous- titre suivant:                                                              "C'est avec ça que j'attendrai sur ma remorque à l''entrée du ferry à Calais. Sur cette remorque, je donnerai des cours accélérés d'assimilation."

    La haine à l'état pur

     

     

     

     

     

     

     

     

    Objet d'une plainte pour pour incitation à la haine de la part de la Fondation «Hejtstop» (Halte à la haine), Mariusz Pudzian s'attaque maintenant à la présidente de cette Fondation en termes très peu choisis, commentant et dénigrant ses origines et son apparence physique.

    Mais, plus grave encore, il bénéficie du soutien du député Pawel Kukiz, leader de Kukiz 15.Voici son post: «Je peux comprendre Mme Joanna ... Si j'étais à sa place, je rêverais moi aussi aux migrants dans le contexte de la nuit du réveillon (ndlr de Cologne).»

    Qu'un membre du Parlement national se permette des propos pareils (finalement retirés mais pas assez rapidement pour que des milliers de lecteurs ne puissent en prendre connaissance) témoigne de l'effondrement des valeurs les plus élémentaires dans une société civilisée. Depuis la prise de pouvoir par PIS, ce genre d'attaques, haineuses et vulgaires, sur FB, à la TV, à la Radio ou encore dans les journaux de droite se multiplie avec divers degrés d'intensité. Elles trouvent un public et sont souvent applaudies.

    En règle générale, ce type d'offenses reste impuni.

     

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  • L'épreuve de la vérité approche pour le parti au pouvoir, PIS, dans l'affaire du Tribunal Constitutionnel. On se souvient que lors de son intervention en janvier au Parlement Européen, la Première Ministre de la Pologne, Beata Szydlo, péremptoire, avait déclaré qu'il ne servait à rien de discuter de la légalité de la nouvelle loi sur le Tribunal Constitutionnel polonais tant que la Commission de Venise ne se sera pas prononcée sur ce sujet. Elle a cependant refusé de préciser si le gouvernement s'engageait à respecter ses recommandations.

    Madame la Première Ministre va être servie: Ce lundi 8 février, plusieurs membres de la Commission de Venise arriveront à Varsovie. Lors de leur séjour, ils rencontreront en premier lieu le président de la Pologne, Andrzej Duda. Ensuite, ils entendront notamment les juges du Tribunal Constitutionnel, le président du Tribunal Suprême, le ministre de la justice et les présidents de l'Assemblée parlementaire (Chambre Basse et Sénat).

     

     Cette délégation, présidée par le chef de la Commission, l'Italien Gianni Buquicchio, a pour mission de dresser un rapport - très attendu par la Commission Européenne - sur les modifications de la loi régissant le Tribunal Constitutionnel (TC), loi adoptée juste avant Noël par le nouveau parlement polonais lors d'une séance marathon qui s'était poursuivie jusqu'au petit matin et ratifiée quelques jours plus tard par le Président. Peut-on espérer que la visite de la Commission de Venise ainsi que le rapport qu'elle présentera au mois de mars feront évoluer la situation? Rien n'est moins sûr. Manifestement, le gouvernement polonais attend cette visite en campant sur ses positions, persuadé de son bon droit malgré les avis négatifs de la plupart des juristes polonais (sans parler des nombreux et répétés appels au respect du droit en provenance de l'Union Européenne). Quant au Président de la Pologne, son intervention à la TVP ("sa" télévision) du 2 février dernier ne laisse aucun espoir aux défenseurs de la démocratie. En l'écoutant, on apprend que le Président attend «que Rzeplinski (président du TC) mette fin à la situation gênante qu'il a malheureusement créé lui-même» et qu'il s'étonne du "manque d'empressement de l'opposition à trouver un compromis". Comme si dans sa vision de l'Etat de droit, la Constitution pouvait être violée à condition de s'arranger entre députés de tout bord...

    Pourtant, Andrzej Duda est particulièrement bien placé pour connaître les valeurs fondamentales d'un Etat de droit: docteur en droit, diplômé de la prestigieuse Université Jagellone de Cracovie, il y a enseigné le droit administratif et y bénéficie encore d'un congé non payé. Il est vrai aussi qu'aujourd'hui son directeur de thèse, le professeur Jan Zimerman, n'est pas très fier de son doctorant: «En entrant en politique, il a complètement changé, il fait des choses inattendues.» C'est le moins qu'on puisse dire. Ce constat lucide ne présage rien de bon.

     

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